« Quand j’étais enfant, ma mère écoutait souvent Casse-Noisette, aujourd’hui je rêve de le réaliser à mon tour. J’avais vu moult versions de ce ballet. C’était toujours de somptueux décors dans une féerie de couleurs, avec une histoire parfois très pantomime. Les numéros de danse m’époustouflaient.
Je me suis souvenu de l’origine de l’histoire : l’enfance et la forêt. Par cette indication, j’ai revu soudainement les angelots que j’avais fait courir et s’éparpiller sur la scène dans un de mes premiers spectacles. Je les voyais tout à coup plus grands, plus adultes mais avec l’étincelle de l’enfance, vêtus de la tenue originelle des danseurs du Groupe Émile Dubois : culotte Petit Bateau, chaussettes blanches et chaussures noires.
Le temps n’a rien atténué de mon désir de raconter cette histoire, il faut seulement la raconter autrement. Et imaginer une poétique de la danse qui puisse exprimer le monde et le rêve, l’humilité et la fantaisie, même s’il faut prendre parfois le contrepied de l’imagerie traditionnelle.
Et puis il y avait ce passage écrit sur la partition musicale avec des numéros qui évoquaient un tour du monde comme un tour de magie. J’ai alors imaginé ces grands enfants sur la piste d’un petit cirque, un cirque délabré comme un souvenir de nos anciennes rêveries. Moments suspendus dans l’éclaboussure du temps.
J’ai gardé la musique féérique de Tchaïkovski en choisissant les morceaux dans l’ordre qui convenait à mon état d’âme, pour les faire vivre autrement, en harmonie avec ma danse.
Me voilà aujourd’hui à lancer sur scène ces enfants des sapins qui, j’espère, vont nous faire rêver, rire et danser dans le tourbillon des instants éternels. »
J.-C.G.