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Cher cinéma

Création au Théâtre de Caen les 6 et 7 novembre 2024

Le chorégraphe n’aura eu finalement qu’une école : le cinéma. La danse, la musique, la littérature, il a su s’en approcher grâce au cinéma. Il y a tout appris, la vie, et ses ressorts ; les gens, et ce qui les anime ; le corps, et ce qui le régit ; la pensée, et ce qui la colporte ; la beauté, et tout ce qu’elle guérit.
Cher cinéma se propose de retrouver quelques moments de rencontres avec des cinéastes, de se souvenir de la relation que le chorégraphe a établie avec eux, parfois éphémère mais toujours fertile, ouverte sur des projets réalisés ou seulement rêvés, fondée sur le simple désir « de faire quelque chose ensemble ». Les phrases, ou même simplement les mots, qu’il a échangés avec eux, il les cultive encore. Et c’est avec ce matériau mémoriel, sans doute assez inconsciemment, qu’il chorégraphie.
De cette complicité danse/cinéma sont nées très naturellement des apprivoisements, des emboitements, des synergies entre les deux arts. Quand le cinéma est entré dans la danse de Gallotta, il l’a fait sous différentes formes : avec des portraits filmés dans 99 duos, avec des hommages, à Vittorio de Sica dans Trois Générations, ou à David Lean dans les Chroniques chorégraphiques où les images de cinéma sont devenues des séquences à part entière ; avec Rei Dom et l’Amour en deux, où le chorégraphe s’est fait lui-même cinéaste ; avec enfin les Carnets de voyage où il s’est changé en caméraman.
Bien sûr, à son tour, sa danse a infiltré le cinéma. Quelques cinéastes ont fait « oeuvre sur l’oeuvre » : Claude Mouriéras avec Un chant presqu’éteint et Montalvo et l’enfant, ou Raul Ruiz avec Mammame  ; d’autres ont distillé dans leurs films un peu de l’esprit gallottien par diverses citations ou collaborations : Anne-Marie Mieville dans Lou n’a pas dit non, Jean-Luc Godard dans Nouvelle Vague, Bertrand Blier dans les Côtelettes..., ou encore Nadège Trébal dans Douze mille.
Cher cinéma est alors une évocation. Une remembrance. Avec des corps, des mots, des mouvements, des lumières, peut-être des images fondues dans le noir.
Un peu à la manière de ces fresques antiques qui s’effacent trop vite au contact de l’air (Roma de Fellini), Cher cinéma est une danse qui connait sa propre fugitivité. Dans les plis de sa mémoire, le grave et l’ironique se liguent sur la scène pour résister aux assauts du présent. Où il se change, si possible et sans faillir, en un bel aujourd’hui. C.-H.B

chorégraphie Jean-Claude Gallotta
assistante à la chorégraphie Mathilde Altaraz
textes et dramaturgie Claude-Henri Buffard
lumières et scénographie Manuel Bernard
avec Axelle André, Alice Botelho, Ibrahim Guetissi, Fuxi Li, Bernardita Moya Alcalde, Clara Protar, Jérémy Silvetti, Gaetano Vaccaro et Thierry Verger
musiques originales Éric Capone et Sophie Martel

production Groupe Émile Dubois / Cie Jean-Claude Gallotta
coproduction Théâtre de Caen, Maison de la culture de Bourges / Scène Nationale
avec le soutien de la MC2 : Grenoble, Théâtre des Franciscains, Béziers

photo : Jean-Pierre Maurin